Extrait de l'Alphabet assassin :

"Depuis que je vendais des K14, c'est fou le nombre d'ados qui fréquentaient mon magasin.

Sûr qu'une armurerie, c'est pas le coin où laisser traîner vos gosses. Mais quand les kids ont décidé…

C'est pas venu tout seul, notez bien. Le jour où les flics du quartier ont tiré sur cette bagnole, on est passé du chaos total à une ligne de conduite franche et directe : « Le premier tireur aura toujours le dernier mot » , ça disait.

En gros. Et en première page.
Dans tous les canards.
Ça ne disait pas tout."

Extrait de l'Esthétique du Désastre :

"Quand il n'y a plus que le bruit du sable qui s'écoule par l'étroit goulot de verre pour meubler le silence, comment briser l'implacable mur d'agonie qui s'élève? Rien n'est plus important dorénavant que la minute où l'envie d'écrire sera la plus forte. Le ciel a beau être noir, il ne m'est toujours pas tombé sur la tête. Mais j'ai encore beaucoup de mal à comprendre pourquoi je souffre tant. Je regarde mes mains qui sont fatiguées de lutter. Le bois, le plâtre, le métal, les tissus, le papier, le cuir, la terre... aucune matière n'a pu les dérouter plus que l'immatérialité de mon esprit torturé. Face à l'épreuve de cette route vouée à la solitude, j'éprouve des nausées insondables. Le découragement m'étreint mollement. C'est bien là le paradoxe: Il me suffirait d'un rien pour renaître, juste un peu d'amour.

Tant à donner, tant à partager et personne dans mes bras pour le recevoir... C'est à pleurer, toute honte bue. Mais comme si un maléfice puissant s'était emparé de mon âme, les larmes du soulagement me sont refusées. "

Extrait de Dernières Nouvelles des Vampires I :

"Nous sommes des milliers... Nous sommes parmi vous depuis toute éternité. Et pour les siècles des siècles, comme vous dites si bien. Laissez-mi rire... Que seriez-vous donc sans nous? Sitôt gagnés par la fièvre qui s'empare de ceux qui ont appris le goût du sang, vous n'avez de cesse de le répandre... Croyez-vous que cela pourra durer indéfiniment ? Comptez sur nous: votre monde nous plaît et nous ne tenons pas à le voir disparaître par votre faute. Nous nous amusons beaucoup trop ici... "

Extrait de Dernières Nouvelles des Vampires II :

"Après notre séparation forcée, tard dans la nuit de samedi, je l’ai cherchée en vain avant de la rejoindre au petit matin. Elle dormait, paisible. Je n’ai pas osé la réveiller ni déranger les autres. Je me suis écroulé, épuisé sur le lit juste au-dessus du sien, dans l’humidité de ces murs sans cesse suintants. La folie la guidait quand elle a repris le jeu. C’est ce que tous m’ont raconté. Elle a pris part à tous les plans risqués, tous les coups foireux. Et elle s’en est sortie. Indemne, glorieuse, la rage de vaincre aux dents et avec plein de nouveaux amis. J’avais conquis là une sacrée joueuse, de l’avis de tous. Je n’en étais pas peu fier. Mais j’étais lessivé. Comme tout le monde. Heureux, crasseux et impatient de remettre ça. On a remballé, discuté, pris rendez-vous pour le resto. Rien d’anormal. Et comme les copains qui habitaient près de son kot et l’avaient amenée au resto s’étaient tirés, crevés, rompus d’histoires ressassées, de faits d’armes racontés, revécus, déformés et amplifiés au fur et à mesure des bouteilles, je l’avais prise en charge. Epoux de jeu modèle, galant jusqu’au bout… et affamé d’un peu d’intimité, rien qu’un peu, pour tenter ma chance. C’était trop beau, bien sûr."